Que pensent les jeunes de l’éducation à l’environnement ?

Quelle place devrait occuper l’éducation à l’environnement dans notre société ? Que pensez-vous de l’éducation à l’environnement d’aujourd’hui ? Comment devrait-elle être mise en oeuvre pour être plus efficace ?

Nous avons tenté de répondre à ces questions au cours de notre étude. Pour ce faire, nous avons demandé aux répondants de se positionner par rapport à différentes affirmations nous permettant de mesurer l’importance qu’ils accordent à l’éducation relative à l’environnement. En mettant, par exemple, en perspective cette éducation avec des matières fondamentales comme le français et les mathématiques, il est alors possible de percevoir l’importance qu’ils accordent au domaine de l’environnement dans l’éducation scolaire.


1 . L’éducation à l’environnement est insuffisante

Les jeunes de l’enquête considèrent non seulement que l’éducation à l’environnement à l’école est d’une grande importance, au vu des enjeux écologiques, mais aussi qu’elle est souvent inexistante ou, dans le moins pire des cas, insuffisante.

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L’éducation à l’environnement devrait, par conséquent, être renforcée dans l’enseignement scolaire comme en témoignent les propos de Clément, 24 ans :

Q: Et en général qu’est ce que tu penses de l’éducation à l’environnement ?

R : « Elle est mauvaise, elle est très mauvaise. Au collège, je faisais partie d’une association de collégiens. On appelait ça le Club Planète Action, on faisait des caisses de recyclage, mais à part ça, l’éducation au développement durable moi j’en n’ai jamais eu à l’école, j’en n’ai pas eu non plus à la fac, je me suis auto-formé, c’est en m’intéressant au sujet. Et c’est très mauvais pour les jeunes générations parce qu’il y a des questions aujourd’hui d’une complexité, mais infinie, je pense par exemple au nucléaire. J’ai vu un sondage l’autre jour, la majorité des français pense que le nucléaire émet du CO2, alors que la problématique du nucléaire c’est la gestion des déchets et pas la gestion du réchauffement climatique. Justement, le nucléaire est une aide contre le réchauffement climatique mais dessert ensuite la cause de l’économie circulaire, des déchets, et tout. Et sur des questions aussi importantes que, par exemple, le lien entre le Covid et la crise sanitaire, ou le lien entre les déchets dans les nappes phréatiques et la consommation de légumes qui viennent de Bretagne, on peut pas avoir une population ignare là-dessus. Et ça, c’est terrible ».

2 . L’éducation à l’environnement est aussi importante que le français et les mathématiques

Selon nos résultats, la population française est largement d’accord avec l’idée de donner la même place que les mathématiques et le français à l’éducation à l’environnement.

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74%, soit près de ¾ des Français et 67% des 15-24 ans sont d’accord avec l’idée de donner la même place à l’éducation à l’environnement et au développement durable qu’au français et aux mathématiques. Une grande majorité des Français laisse ainsi sous-entendre qu’il existe un manque dans le programme actuel d’éducation. Êtes-vous d’accord avec l’opinion de la majorité ?

3 . L’éducation à l’environnement est trop politisée

D’après vous, les climato-sceptiques sont-ils contre une éducation relative à l’environnement à l’école ?

OUI

Notre enquête qualitative montre le contraire ! Nos résultats montrent que bien que doutant ou réfutant le rôle de l’activité humaine dans le réchauffement climatique, les personnes se déclarant « climatosceptiques » ne sont pas contre une telle éducation. En effet, ces derniers ont conscience de l’importance d’être éduqué au sujet des gestes éco-responsables telle que la gestion des déchets et des ressources naturelles. En revanche, leurs idées divergent de celles des éco-engagés à propos de la manière dont l’éducation doit s’opérer. Les résultats de notre enquête vous montreront pourquoi… Dans l’enquête qualitative, les jeunes Français de 15-24 ans qui rejettent l’engagement écologique, dont certains assument l’étiquette de climato-sceptique, ne sont pas opposés à l’idée d’une éducation à l’environnement. Certains la trouvent suffisante. Ils l’associent à l’idée de transmettre les écogestes qui impactent positivement leur cadre de vie. En revanche, ils l’apprécient négativement lorsqu’elle est envisagée comme une prise de position, parfois qualifiée d’idéologique, concernant les questions sur le réchauffement climatique. Dès lors, ils la trouvent trop politisée voire culpabilisatrice, ou alors, ils s’efforcent de souligner ce qu’ils perçoivent comme des « incohérences ». Ce que l’on peut identifier, c’est le désir d’une éducation neutre qui expose les différents points de vue sur la question environnementale et ceci, dans le but, d’après eux, de laisser les élèves se faire leur propre opinion sur le sujet.

NON

Tout à fait ! Nos résultats montrent que, même s’ils doutent ou réfutent le rôle de l’activité humaine dans le réchauffement climatique, des personnes se déclarant « climato-sceptiques » ne sont pas toujours contre une telle éducation. En effet, ces derniers ont conscience de l’importance d’être éduqué au sujet des gestes éco-responsables telle que la gestion des déchets et des ressources naturelles. En revanche, leurs idées divergent de celles des éco-engagés à propos de la manière dont l’éducation doit s’opérer. L’exemple de Martin :

« Q : Et en général qu’est-ce que tu penses de l’éducation à l’environnement ?

R : « Alors elle est beaucoup trop politisée à mon goût. Je connais quelques professeurs qui donnent vraiment des avis objectifs et qui critiquent justement l’enseignement environnemental qu’on fait aux élèves mais ils sont très rares et en fait la majeure partie des professeurs ils sont ultra politisés écolo quoi et donc on a pas un avis objectif là-dessus, on donne que les arguments pour dire en quoi la nature va mal, en quoi l’homme fait des choses mal, mais jamais dans le contraire en fait et donc non c’est beaucoup trop politisé et c’est pas censé être ça l’école, pour moi les professeurs sont pas censés donner leur avis. Et voilà l’éducation comme les professeurs ils imposent leur avis en fait. »

Martin, 17 ans, climatosceptique


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Quels sont les arguments utilisés par les personnes engagées pour sensibiliser leur entourage ?

Lorsque vous souhaitez sensibiliser une personne aux enjeux environnementaux, quels arguments employez-vous ? Vos arguments changent-ils en fonction de la personne à qui vous vous adressez ?

En parallèle de l’éducation à l’environnement qui est réalisée au sein de l’école, nous avons souhaité en apprendre davantage sur l’éducation et la sensibilisation à l’environnement qui est faite de façon informelle, à l’extérieur du programme scolaire.

Au cours de notre étude, nous avons fait le constat que les arguments utilisés pour sensibiliser aux enjeux environnementaux sont nombreux. Ce qui est surprenant, c’est que ces arguments diffèrent beaucoup en fonction du profil de la personne à qui le discours est destiné.

Parole de jeunes

 R : « Ça dépend de la personne que j’ai en face, ça dépend aussi des sujets, mais en fait quand je parle des enjeux environnementaux, souvent je présente pas sous l’angle qu’on entendrait le plus : « Regardez, la petite faune et la petite flore », je montre directement l’aspect social, l’aspect justice environnementale, et l’aspect systémique. Je prends l’exemple de mon beau-père, il est camerounais, je lui dis : « Regarde, les premiers touchés par les problèmes environnementaux sont les pays pauvres », parce que d’une part ils se trouvent au mauvais endroit climatiquement, et d’autre part ils ont pas les ressources nécessaires pour pouvoir faire face. Et donc, ça va accentuer le problème de l’injustice environnementale. Donc, c’est beaucoup sur ce volet social, si cette personne est plus concernée par cette fibre-là. Si c’est quelqu’un de plus scientifique, je vais plutôt lui donner des arguments scientifiques, les rapports du GIEC, les degrés, etc., etc. Si c’est quelqu’un un peu plus philosophique, ça sera plutôt des arguments moraux, est-ce que c’est pas un devoir de protéger notre environnement puisque c’est quelque chose de fragile, et en tant qu’être puissant, qui a une capacité d’action, on a ce devoir moral de protection parce qu’on a une capacité de nuisance mais aussi de protection. Est-ce qu’on a la possibilité de détruire le vivant alors qu’on a la capacité de le protéger ? Et le dernier point qui fait souvent mouche, en fait non, si je te dis de protéger l’environnement c’est pas pour protéger la nature, c’est vraiment pour te protéger toi, c’est très égoïste de se dire : « Mais en fait, la conséquence du changement climatique c’est que tu vas crever plus jeune, que tes enfants vont crever plus jeunes, que tu vas vivre dans de très mauvaises conditions, et ça, ça sera ta faute parce que tu auras pas agi et tu sera responsable ». Responsable, bon, de pollution, mais voilà, c’est une forme aussi de responsabilité de se dire que c’est pas une question de fatalité, c’est que tu as une action, et tu as une réaction, et tu subis les conséquences de tes propres actions, et voilà les conséquences, voilà ce que tu as fait, à toi de prendre la responsabilité. Moi j’ai l’intention de vivre dans un monde vivable, au moins pour ma génération et celle de mes enfants, c’est pour ça que j’agis, et toi, si tu veux te comporter comme un égoïste, libre à toi, mais il faut penser au bien commun à un moment. » 

Julien, 24 ans, éco-engagé

Cet extrait d’entretien est particulièrement pertinent pour observer la flexibilité du discours écologique : en fonction de la sensibilité et du caractère de la personne ciblée, les arguments diffèrent énormément. Pour nos répondants, cette stratégie permet de sensibiliser un maximum d’individus à la cause écologique.

Faire appel à la raison…

Exposer du savoir scientifique et factuel au sujet de l’environnement : aborder les conséquences du réchauffement climatique sur la planète et les populations ; les conséquences du capitalisme et de l’exploitation des ressources sur l’environnement…

Faire appel aux émotions…

Montrer à la personne qu’elle sera elle-même touchée par les conséquences du réchauffement climatique : expliquer qu’il est question de la survie de l’espèce humaine ; démontrer que tout le monde est concerné par le problème écologique et pas seulement les pays « lointains » ; expliquer que le réchauffement climat va modifier notre mode de vie si nous n’agissons pas…

L’éducation relative à l’environnement devrait être centrale dans l’éducation des enfants d’aujourd’hui et de demain
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