Les jeunes ont-ils le sentiment de prendre des risques lorsqu’ils affirment leurs convictions ?

OUI

Effectivement, exposer son engagement dans les espaces numériques et/ou physiques implique parfois de prendre des risques. Certains répondants nous disent « mettre en jeu » leur réputation auprès de leurs camarades de classe, de leurs amis, de leurs enseignants ou encore de leurs parents. Les résultats de notre enquête permettent de comprendre comment ces risques peuvent s’immiscer dans la vie de certaines personnes.

NON

Notre enquête a montré le contraire ! Exposer son engagement dans les espaces numériques et/ou physiques peut impliquer de prendre des risques liés à la réputation. Les résultats de notre enquête permettent de comprendre comment ces risques peuvent s’immiscer dans la vie de certaines personnes.

Les personnes engagées que nous avons interviewées nous ont parlé des différents risques qu’ils ont le sentiment de prendre :

1 . Les risques physiques, qui concernent toutes atteintes corporelles lors des manifestations.

2 . Les risques moraux, qui regroupent un ensemble d’intimidations morales comme les moqueries, les insultes ou encore la stigmatisation.

3 . Les risques réputationnels, qui eux relèvent des situations où les jeunes risquent de dégrader leur réputation et de perdre en crédibilité devant certaines personnes.

Le processus d’engagement peut parfois être vécu comme une épreuve et pas seulement comme une source d’épanouissement. Notons, par ailleurs, que ce sentiment de prise de risque n’est pas ressenti par toutes les personnes engagées pour l’écologie. Il ne concerne qu’une partie de nos répondants; et, peut-être, certains d’entre vous aussi ?


Les risques face à l’entourage proche

Lorsqu’une personne affiche son engagement ou exprime ses opinions en faveur de l’écologie, il peut arriver qu’elle se heurte à un conflit ou à des jugements de valeur de la part de son entourage.

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Effectivement, des conflits peuvent naître lorsque les idées défendues par la personne engagée ne sont pas partagées par tous et qu’un débat animé prend forme. Des jugements de valeurs peuvent également apparaitre. En exposant son engagement, l’individu peut parfois ressentir de la honte ou de la peur. La peur peut concerner une personne qui appréhende le regard des autres. Il y a aussi celle de perdre des amis à cause de ses convictions écologiques. Finalement, nous pouvons constater que l’engagement peut parfois entraîner des jugements, des conflits et provoquer chez la personne engagée des émotions négatives fortes comme la honte ou la peur.

Paroles de jeunes

Voici les propos d’Adrien et Léo, qui illustrent bien cette idée :


« Q : Est-ce que tu as déjà eu peur de parler de tes convictions écologiques à quelqu’un ?

R : « Bah typiquement entre amis des fois, surtout au début quand on aborde le sujet ça peut être chaud parce qu’il y a ce gap dans les connaissances face au sujet et du militantisme qui peut être différent des gens en face qui ont leur propre prisme sur ces sujets. Et, le risque c’est de paraitre un peu trop militant. Moi, y’a des fois… Cette année, au lycée, jai un camarade qui venait de sortir de garde à vue avec des violences policières. J’étais choqué mais c’était compliqué de trouver des personnes avec qui en parler dans ses amis, sans quon soit en mode « mais attends, cest quoi ta vie en fait », parce que cest chaud, tu te fais grave voir comme un ouf… »

Adrien, 16 ans, éco-engagé

« Q : Quels seraient les risques d’afficher ton engagement écologique aux yeux de tous ?

R : « Le déclassement social. C’est l’un des plus gros soucis, après maintenant j’ai… mon cercle social est vraiment tourné sur Youth For Climate donc je n’ai plus trop ce souci. Le regard des autres, le fait que les gens ne veulent plus tadresser la parole, pour moi c’est le plus gros souci. »

Léo, 15 ans, éco-engagé

Les risques face aux figures d’autorité

Les personnes engagées que nous avons rencontrées évoquent également la présence de risque face à trois différentes figures d’autorités.

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  1. Une situation délicate peut se créer face à l’enseignant. Face à cette figure du professeur, certains de nos répondants évoquent la peur d’exprimer leurs opinions au sujet de l’environnement. Cette peur est liée, d’après leurs propos, à une inégalité de pouvoir due au statut du professeur. Ils évoquent notamment le risque pour leur scolarité (dossier scolaire et notes) ainsi que le risque de dégrader leurs relations et interactions dans la classe (voir l’exemple d’Alban dans « paroles de jeunes »).
  2. Nos répondants évoquent cette crainte de ne pas pouvoir accéder dans l’avenir à un poste si le recruteur trouve d’anciennes publications dans lesquelles apparaissent leurs opinions politiques et/ou écologiques. En prenant conscience de ce risque, certains sont même prêts à passer des heures à effacer toutes les traces numériques de leur engagement : publications, likes, commentaires,… (voir les paroles de Martial dans la section « paroles de jeunes »).
  3. Pour finir, des jeunes nous parlent de prises de risque face à la police. Au cours d’actions collectives comme la désobéissance civile, les blocages et les manifestations, des militants se heurtent parfois aux forces de l’ordre. Pour certains de nos répondants, cela constitue une prise de risque dans la mesure où ils s’exposent aux arrestations et aux violences physiques (voir l’exemple d’Elisa).

Au-delà de cette possible confrontation physique avec la police, selon nos répondants la surveillance en ligne constitue également une prise de risque face aux forces de l’ordre. Effectivement, certaines personnes engagées semblent être préoccupées par le fait de pouvoir être « fichées » par les autorités comme des personnes « écolos » et ayant conscience que cela peut leur porter préjudice dans le futur.

Paroles de jeunes

« Quelqu’un qui a plus de pouvoir que moi, ça peut être dérangeant (…) il peut baisser notre note, il le pouvait, donc on n‘est pas rentré dans le débat, on répondait tranquille pour garder une stabilité scolaire (…) C’est énervant, juste parce que cet homme est adulte et a une certaine position dans l’institution scolaire dans laquelle je suis, je ne peux pas exprimer mes opinions. C’est très frustrant, parce qu’on ne sait pas comment la personne peut réagir et utiliser son pouvoir (…) je ne pourrais rien y faire »

Alban, 16 ans, éco-engagé

« Je me dis que ça pourrait m’être reproché. Admettons que dans quelques années j’aurai besoin de chercher un emploi et si on va chercher sur mon compte Instagram et qu’on voit ça, ça peut déplaire. Mais, je suis aussi dans une optique de réflexion en me disant que c’est moi, c’est ce que je suis, c’est mon compte, mes combats, mes valeurs donc je suis prêt à presque tout sacrifier pour ça donc à partir de là je suis prêt à presque tout sacrifier »

Martial, 17 ans


« Il y avait le groupe des bloqueurs extérieurs, qui bloquaient de l’extérieur. C’est eux qui allaient être confrontés en premier aux CRS. Et, il y a d’autres groupes alternatifs, tout ce qui est freeskiper, ce sont ceux qui font en sorte que tout se déroule bien, qui discutent avec les gens dans l’Apple Store, avec les gérants, avec les gens qui passent dehors aussi qui se demande ce qu’il se passe. On a aussi les médics, là c’est s’il y a un problème, si on se fait gazer, s’il y a des blessés, ce sont eux qui s’occupent de ça aussi en manif »

Elisa, 16 ans

Etes-vous d’accord avec l'affirmation suivante ? « Lorsqu’on s’engage, on prend toujours des risques »
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