Les jeunes donnent-ils la priorité aux enjeux environnementaux ?
D’après vous, faut-il prioriser les enjeux environnementaux face aux autres enjeux de société (culture, santé, immigration, économie, etc.) ?
Afin d’en apprendre davantage sur la place donnée à l’écologie dans la société, nous avons interrogé nos répondants sur le niveau de priorité qu’ils attribuent ou qu’ils aimeraient que l’on donne à l’environnement par rapport aux autres domaines de la vie comme la santé ou l’économie.
1 . Les enjeux environnementaux et la santé publique
Dans notre enquête quantitative représentative de la population française, nos résultats montrent que 26% de la population générale sont d’accord avec l’affirmation « la priorité doit être donnée à l’environnement, pas à la santé publique ».
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En isolant la population jeune (15-24 ans), nous observons que 35% d’entre eux sont d’accord avec cette même affirmation.
Et vous, quel est votre avis sur la question ?
2 . Les enjeux environnementaux et l’économie
Nous avons demandé aux répondants de l’enquête quantitative de nous dire si la priorité doit être donnée à l’environnement plutôt qu’à l’économie. La tendance à prioriser l’environnement est ici plus importante que dans le cas de la santé publique.
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Effectivement, 38% des Français sont d’avis que l’environnement prime sur l’économie. Notons de plus que 51% de l’ensemble des jeunes de 15-24 ans sont d’accord avec cette idée.
Dans notre enquête qualitative, les personnes engagées dans l’écologie que nous avons interrogées ont majoritairement répondu par l’affirmative à la question suivante : « Penses-tu que l’environnement est plus important que l’économie ? ». En leur demandant d’expliquer leur opinion à ce sujet, nous avons pu identifier deux positionnements différents. Dans les deux cas, ils pensent que l’environnement est plus important que l’économie mais :
- Pour les premiers, c’est parce que les problèmes écologiques sont une priorité qu’il est urgent de s’en soucier.
- Pour les seconds, il faut créer un modèle de société qui allie économie et écologie. D’après eux, le modèle économique actuel, qu’ils qualifient de capitaliste, ne peut pas s’allier avec l’écologie mais avec un autre modèle économique plus respectueux de l’environnement et des populations; cela est possible.
Voici quelques exemples de réponses que nous avons recueillies pour la question suivante : « Penses-tu que l’environnement est plus important que l’économie ? »
« R : Oui. […] Alors là oui, parce que l’économie repose sur le capitalisme, l’économie actuelle repose sur le capitalisme, et le capitalisme est destructeur par rapport à l’environnement, donc oui, ça c’est plus important. Après, l’économie au sens que les gens puissent à nouveau revivre, qu’on puisse faire tourner les hôpitaux, etc., j’aimerais pouvoir dire qu’un monceau d’argent serait idéal, mais évidemment ça va pas arriver, mais cette économie dans ce sens-là, je pense que ça revient à la cause sociale, et qui est aussi liée à la cause environnementale. Y’a un slogan qui dit : « Fin du mois, fin du monde, même combat ». Et ça résume tout en fait. De ce point de vue-là c’est pas plus important, mais je pense qu’il y a moyen de concilier les deux. Du point de vue faire de l’argent, le capitalisme, etc., là par contre, je m’en fous si tu veux si Airbus perd de l’argent, à part si ça impacte les employés qui perdent leur boulot, mais sinon… Déjà, se faire plus ou moins d’argent franchement… »
Lou, 16 ans, éco-engagée
« R : Indubitablement, après ça dépend dans quelle mesure. Faire des choses environnementales qui vont créer du chômage massif et des conditions de vie désastreuses pour les plus pauvres, je suis pas pour, mais faire des choses pour l’environnement qui seraient horribles pour les profits des actionnaires, pour les ventes de manière globale, et même pour le PIB, ça ne me pose absolument aucun problème ».
Léonie, 19 ans, éco-engagée
« R : Est-ce qu’il y a vraiment besoin qu’il y ait une importance entre les deux ? Est-ce qu’on pourrait pas avoir un modèle qui finalement allie économie et écologie ? Avoir un nouveau modèle et qui finalement serait pas comme celui-ci mais où y’en aurait pas forcément un qui prime sur l’autre. Je pense pas, parce que l’économie ça permet également de faire vivre les gens, de toute façon l’économie existe de tout temps, les échanges marchands c’est pas quelque chose qui se supprimera un jour ou l’autre, donc il faut repenser l’économie en prenant en compte l’écologie ».
Claire, 23 ans, éco-engagée
Dans ce contexte de crise sanitaire, pensez-vous que les enjeux environnementaux sont passés, aux yeux des Français, au second plan ?
OUI
Notre enquête a montré le contraire ! Nos résultats montrent que la crise sanitaire n’aboutit pas forcément à une relégation au second plan des enjeux environnementaux. Cela a même conduit certains Français à vouloir s’engager davantage dans la protection et la défense de l’environnement. Les résultats de notre enquête vous montreront pourquoi…
NON
Tout à fait ! Nos résultats montrent que la crise sanitaire n’aboutit pas forcément à une relégation au second plan des enjeux environnementaux. Cela a même conduit certains Français à vouloir s’engager davantage dans la protection et la défense de l’environnement. Les résultats de notre enquête vous montreront pourquoi…
58% des citoyens prévoient de changer leur comportement en faveur de l’environnement en 2022
Pour en savoir plus : c’est ici !
Pourquoi la crise sanitaire a-t-elle encouragé des jeunes à s’engager davantage ?
La crise sanitaire est un contexte favorable aux réinterprétations du rapport à l’environnement. Dans l’ordre des priorités des différents enjeux de société, nos résultats montrent que la crise sanitaire n’aboutit pas forcément à une relégation au second plan des enjeux environnementaux puisque 50% des Français et 53% des jeunes de 15-24 ans estiment qu’elle est la preuve que « la priorité doit être donnée aux questions environnementales ».
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D’ailleurs, les Français estiment que la crise sanitaire a renforcé leur sentiment de responsabilité et leur envie d’être engagés en faveur de l’environnement.
En effet, 51% des Français et 55% des jeunes de 15-24 ans déclarent que depuis la crise sanitaire, ils se sentent encore plus responsables de l’environnement et de l’avenir de la planète :
De plus, 44% de l’ensemble de la population française et 53% des jeunes de 15-24 ans disent que la crise sanitaire a renforcé leur envie d’être engagés.
Les jeunes éco-engagés que nous avons interrogés dans notre enquête qualitative valident presqu’à l’unanimité l’idée que la crise sanitaire leur a donné envie de s’engager davantage en faveur de l’environnement.
Notre étude a permis de mettre en avant trois éléments favorisant l’envie de s’engager :
1- Les effets positifs du confinement sur l’environnement
Certains répondants ont constaté une « amélioration » de la situation écologique durant le confinement. De nombreuses activités étaient à l’arrêt, ce qui leur a donné espoir et les a incités à s’engager davantage dans la protection de l’environnement.
Lire les propos de Xali, 18 ans
« Q : Et est-ce que la crise sanitaire vous a donné envie de vous engager dans un sens de renforcement de l’engagement ?
R : « Oui complètement. On a vu au début un vrai changement du climat par rapport au climat. La pollution en chine qui est descendue complètement, les oiseaux qui revenaient en ville et avec la reprise de l’activité humaine tout a repris son court normal, et que les gens peuvent revoir le ciel bleu et que tout soit pareil. J’ai une nouvelle envie qui est forte »
2- La prise de conscience des effets néfastes de l’Homme sur l’environnement
Pour d’autres répondants, la crise sanitaire a déclenché chez eux une prise de conscience des conséquences du manque de respect envers l’environnement. Cette prise de conscience conduit par la suite à une mise en place de nouvelles pratiques éco-responsables et / ou au renforcement de pratiques déjà présentes.
Lire les propos de Dani, 17 ans
Q : Et est-ce que la crise sanitaire vous a donné envie de vous engager dans un sens de renforcement de l’engagement ?
R : « Oui ! C’est depuis la crise sanitaire que j’essaie de diminuer la consommation de la viande, de remplacer la viande par le soja, donc oui, mais après pour quelle raison je ne sais pas. Mais je dirais peut-être une prise de conscience de comment ça pourrait être dangereux de ne pas pouvoir respecter l’environnement »
3- L’augmentation du temps libre lors du confinement
Pour d’autres, c’est davantage le confinement, plus que la crise sanitaire, qui a été un moment propice à l’intensification d’une sensibilité environnementale. En effet, le confinement a conduit, pour certains, à une augmentation du temps libre qui est à l’origine de nouvelles démarches d’informations sur la question environnementale et / ou d’engagement militant.
Lire les propos de Léonie, 19 ans
R : « En fait, la crise sanitaire pour moi ça a été liée aussi à une forte politisation. En parallèle, je me suis formée politiquement sur d’autres sujets, j’ai commencé à m’engager dans un parti politique, donc la crise sanitaire pour moi ça a été un moment de déclic politique parce que j’ai eu beaucoup le temps de lire aussi, le temps de réfléchir, d’analyser, d’appeler des gens pour essayer de discuter politique avec eux, et d’essayer d’apprendre à me positionner. Pour moi, la crise sanitaire c’est un truc qui m’a donné envie d’agir plus et aujourd’hui c’est pas fini. Et quand je vois déjà qu’il y a plein de gens qui galèrent et qu’il y a plein de gens qui arrivent pas à boucler leurs fins de mois, ça me montre encore plus que ces gens-là ne pourront pas agir à l’échelle individuelle en matière de petits gestes, et que donc véritablement, en matière d’écologie, c’est le moment d’agir, de se mobiliser, et d’y croire un peu ».
Et vous, avez-vous vécu une expérience similaire durant la crise sanitaire qui vous a conduit à vouloir vous engager davantage dans la cause écologique ?
Pour aller plus loin
- ENQUETE IPSOS 2022 PUBLIC OPINION ON CLIMATE CHANGE. En ligne ici